Julie Navarro, directrice de casting passée à la réalisation
Julie Navarro est aux commandes du film Imagyn appelant à se mobiliser contre les cancers féminins. Un film conçu par Havas Paris et produit par BIG. Une belle occasion de se pencher sur la carrière de cette directrice de casting / scénariste / réalisatrice.
Comment arrive-t-on sur un projet aussi particulier que le film Imagyn ?
« Je connais Pierre Rambaldi [fondateur de la société de production Big], qui avait vu mon court métrage Cléo et avait envie de me proposer des sujets. Il est venu me voir sur cette campagne de santé publique qui m’a un peu impressionnée. J’ai beaucoup aimé le ton et le traitement. Je me le suis approprié. » Une quarantaine de personnalités françaises féminines d’origine éclectique énoncent leur mot pour désigner le sexe des femmes. L’esthétique noir et blanc très soignée du film lui confère une élégance que les mots chahutent. La direction d’acteurs est au millimètre pour cette histoire paradoxalement très écrite, servie par un montage qui crée des accidents, ménage les timidités, s’emballe avec les effrontées. « Je voulais de l’humour, de la poésie, des coups de gueule. » En outre, c’est un sujet de femmes, tourné par des femmes. Dans un univers très masculin, une équipe technique 100% féminine s’est mise en place, au sein de laquelle « une grande dame du cinoche » : Caroline Champetier à la lumière. Dans un second spot, les mêmes rappellent la fréquence des visites à sa gynéco : une fois par an. Non négociable.
Qui est Julie Navarro ?
Une directrice de casting à la très jeune carrière de réalisatrice. Avant d’être directrice de casting, elle a eu une vie de première assistante sur des longs métrages, tout en s’intéressant à la direction d’acteurs et à la recherche de comédiens. Quand Didier Barcelo lui confie le casting des mamies Cetelem, elle découvre la pub. « J’ai été soufflée de voir qu’on pouvait s’amuser à faire ces recherches ». Depuis, elle fait toujours des castings de pubs mais aussi de longs métrages, notamment ceux de Thomas Lilti ou Michel Leclerc.
Les qualités d’une directrice de casting ?
Ce sont un peu les mêmes que celles d’une bonne dentiste, ou une bonne maquilleuse : « J’aime quand mon travail ne se voit pas, résume-t-elle. Il doit y avoir une forme d’évidence. A part ça, il faut être curieux, prendre le temps avec chacun et avoir un point de vue. »
Les satisfactions qu’apporte ce métier ?
Quand on a les qualités d’un profiler associées à une compétence relationnelle et un sens de la mise en situation, on attire forcément les bons projets. « J’ai la chance de travailler sur des comédies bien écrites. J’ai fait venir des comédiens à la pub avec des bons scripts. J’aime bien voir comment le réal va découper ça. Les notes d’intention peuvent se ressembler un peu, il y a des modes, on a telle référence d’acteur américain par exemple. Moi, j’aime bien aussi sortir un challenger, certains réalisateurs suivent, d’autres pas. »
Passer de directrice de casting à réalisatrice ?
Un centre d’intérêt en entrainant un autre, Julie Amarro finit par réaliser son premier court-métrage Cléo, produit par 31 Juin Films (qui produit également les films de Thomas Lilti, comme Hippocrate ou Médecin de Campagne). Ce drame familial filmé tout en délicatesse a été sélectionné dans une douzaine de Festivals en Europe, et a été notamment le Coup de Cœur du Short Corner au Festival de Cannes 2017. Un début prometteur qui a conduit à ce film Imagyn et surtout, à l’écriture bientôt aboutie d’un long métrage.
Interview réalisée par Emmanuelle Grossir