Vincent Lobelle, réalisateur
Le réalisateur des films Meetic, McDo Service à Table ou encore d’Intersport, grand pourvoyeur de comédies, des plus subtiles aux plus débridées, enthousiaste voire audacieux au risque d’être chahuté, évoque son métier et son actualité.
Pour le film Intersport, de quel script êtes-vous parti et quelles étaient les contraintes ?
L’armature existait comme ça. Il y avait une discussion autour de l’humour, je tenais à ce qu’il y ait de scénettes de respiration. Moi j’ai tendance à vouloir faire trop de conneries, donc il y a eu pas mal d’allers-retours ! On a tourné plusieurs fins. Vu que la signature est « Le sport, la plus belle des rencontres », j’ai testé une version où elle tombait amoureuse. J’aimais bien la version rom com.
Chaque tournage est particulier, que retenez-vous de celui-là ?
La marque n’avait pas communiqué depuis très longtemps, il y avait un certain enjeu pour elle. Entre la marque et l’agence Marystone, il n’y avait que des femmes de décision, j’ai trouvé ça hyper agréable. Et puis il fallait absolument que ce soit tourné en France. C’était également la demande de Super U lors d’un précédent film. On a tourné à Paris, même si on ne reconnait pas Paris, à part ceux qui y vivent. On avait une équipe française qui était incroyable. C’était une des meilleures équipes que je n’ai jamais eues. Comme je tourne beaucoup à l’étranger je ne me rendais pas compte de cette réalité.
Sinon vous êtes fidèle dans vos collaborations ? Pour le casting et le montage par exemple.
Le casting, c’est un peu ma spécialité. J’essaie d’ouvrir le spectre de mon travail au-delà de la comédie pure. Je travaille beaucoup avec Julie Navarro, c’est une vraie partenaire. Pour le montage, je bosse avec Cyril Nakache qui est mon partenaire aussi depuis dix ans.
L’année dernière, avec Momo, vous avez cosigné votre deuxième long métrage. La critique était moyenne…
La critique est le résultat de ce qu’est le film. L’enfer qu’a été ce tournage ! C’est l’année la plus noire de ma vie. Autant mon travail est respecté en pub, autant pendant un an et demi je me suis retrouvé avec des gens de cinéma qui n’ont eu que du mépris. Malgré tout le film a quand même fait 700 000 entrées ce qui n’est pas nul ! Tous les réals de pub veulent faire de la fiction. La passerelle entre la pub et le cinéma n’est pas si évidente, du moins pour moi, mais maintenant que des maisons de prod de publicité se mettent à faire des longs métrages, ça va sans doute changer. Ces producteurs connaissent leurs réals, ce sont eux qui vont les faire décoller en fiction.
Pourquoi avoir quitté Insurrection pour Iconoclast en début d’année ?
Je n’avais aucune raison de bouger, ça s’est vraiment bien passé avec Insurrection. Mais j’ai toujours cette envie de faire plus. Mourad [Belkeddar, fondateur d’Iconoclast, ndlr] a réussi à créer un réseau français présent partout dans le monde. Je suis un réalisateur français et je ne vais pas tourner partout dans le monde demain, mais ils ont cette volonté d’ouvrir l’étranger aux Français. Et puis il y a ce pont avec le cinéma, ça ne me donne aucune assurance mais à moi de me relever les manches. Même si, depuis Momo, je ne tourne plus des pubs en pensant “qu’est-ce que j’aimerais faire du long”… Je veux faire les meilleurs films et taper le plus haut possible. Changer de producteur, c’est rencontrer d’autres personnes, d’autres techniciens, de nouvelles équipes… J’apprends beaucoup d’eux. Quand Iconoclast appelle, on se sent flatté, après quand on signe on sait qu’on a intérêt à être au niveau.
Entretien mené par Emmanuelle Grossir